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Obsédé par la possibilité d’une rencontre entre néo-primitivisme et expérience totale, ma pratique me permet aujourd’hui d’explorer de nouvelles relations. Inspiré par le classicisme, les archétypes mythologiques et religieux ou encore la crise climatique, ces derniers m’amènent à considérer le monde comme espace fictif. Dès lors, j’illustre par différentes expériences, la transition de notre état de nature à celui de culture. Les références culturelles et historiques, les symboles, ne sont plus des prises auxquelles se raccrocher, mais deviennent des fenêtres ouvertes sur le doute. Il n’est alors plus question d’une pratique opérant selon une stratégie formelle, mais d’une poétique de la chute, du risque, de la déconstruction …


Dans l’espace d’exposition, le spectateur devenu l’archéologue holistique de moments passés ou futurs, s’enfonce dans des couches d’interprétations. Toutefois ces mémoires ne coexistent pas selon un système de valeurs empiriques, mais sur un même plan. Elles peuvent donc créer une sensation de déroutement : mais où veut-il en venir? Où est-ce que je vais? Loin d’une démonstration dialectique, ces expériences n’ont pas de trajectoires définies, aucune de ses composantes ne prend le dessus l’une sur l’autre. Sans compromis, le dialogue entre le fond et la forme s’auto-régule et trouve son équilibre dans le sujet perceptif. Si l’œuvre doit poser une question ou apporter des réponses, alors elle se doit d’aller encore plus loin, et devenir espace de débat, de recherche et de contradictions. La charge contradictionnelle de l’œuvre multiplie ses centres et ses points de vues. L’œuvre dont « l’aura » sait provoquer une intense multiplication de ses centres et de ses sens interpelle dès lors en tant que possibilité, projection et quête. Si l’œuvre d’art se pratique comme expérience sensuelle et sensible nomade, alors son lieu d’exposition, à savoir son Centre d’Art, doit lui-même pratiquer l’errance: errance symbolique, errance spatiale, errance politique…


En utilisant l’acte performatif, celui-ci accentue ces moments de pertes, uniques et singuliers. Déréalisées, ces situations récréatives deviennent souvent scènes de chasses, de danses, de rituels. Des esthétiques, des installations, des sculptures statiques souvent contradictoires ou en symbiose avec le mouvement des corps en action. Empruntes d’expériences et d’imageries diverses, elles peuvent trouver écho au happening ou plus largement à la fête comme moment initiatique, social et libérateur. L’œuvre devient ce sabbat où les flèches du sens viennent y terminer leurs courses. Elle joue avec les temps, déployant dans l’espace une multitude de facettes. Elle puise dans les mémoires, les symboles d’un passé lointain et étrangement familier. Cette distorsion temporelle laisse les empreintes encore fraiches d’une lutte de nos passions et de nos instincts, un rite de passage, une quête identitaire marquée par la recherche d’expériences nouvelles. Elle embrasse l’horizon de nos perceptions intimes. Acteurs de cette primitive aurore, nous sommes le prédateur et la proie de ce monde intérieur. Montrer ce qui est possible à une époque, à des époques données, sans faire de la misère, des maux de l’humanité, le produit de ça propre gloire, c’est là le cœur de mon intention.

Est-il désormais toujours question d’œuvre ou d’une sensation d’un effet d’exposition ? L’art ne deviendrait-il pas le simple décor de lui-même, l’excuse d’une ultime célébration? La mise en scène, l’art comme simulacre, soulignent donc chacune de mes tentatives. Ma posture tend vers une liquéfaction de la pensée conceptuelle et tente de percer les arcanes secrètes de ma sensibilité. Je souhaite proposer une expérience récréative nouvelle, non comme échappatoire, mais comme lieu d’ancrage et de création. Une fête, une exposition, autant d’expériences nous arrachant à la routine de notre existence, mais qui m’apparaissent en fin de compte comme de rares moments d’expression de notre vérité: un chaos primordial sans cesse rejoué, proposé comme expérience régénératrice.

Plus qu’un moyen d’expression d’une situation à un moment donné, l’art est pour moi un état de recherche. Une fois l’objet de notre recherche atteint, une fois l’art situé, il nous échappe. Plus qu’une simple frustration, ma pratique est partielle. L’esthétique de cette relation ne peut se résumer à un simple état de rencontre, mais avant tout d’exploration. Si la relation esthétique provoquée n’est pour moi que la partie immergée de l’iceberg, plus qu’une relation, l’œuvre traduit cette projection double à la fois intérieure et extérieure. Je la vis et la ressens comme une âme sœur, je la connais depuis toujours, mais elle reste une totale étrangère. Elle demeure ce mystère d’une magnifique incomplétude. Partout nous la cherchons sur la toile, elle est donc la recherche elle-même. Cette pratique est donc partielle et ne concerne qu’une partie d’un tout que nous ignorons, mais que nous ressentons d’ores et déjà.

 

EN

Initially carried by a search of a possible Neo-Primitivism, my practice today allows me to explore new relationships. It is with the impact of classicism, mythological archetypes as well as the world as a fictitious space, that I choose to illustrate by different means the transition of our State of nature to that of culture. Cultural and historical references, the symbols, are no longer taken to cling on but become opened windows towards doubt. It is therefore no longer a question of practice operating under a formal strategy, but of a poetics of the fall and the risk, the deconstruction…

In the exhibition space, the spectator becomes the holistic archaeologist of these passed or future moments while sinking into layers of interpretations. These submissions do not coexist according to a system of empirical values but are placed on the same line. As a result, they can create a feeling of diversion: but where does it take us? Where are we going to? Far from a dialectical demonstration, these experiments have no defined trajectories, none of its components takes precedence over the other. Without compromise, the dialogue between the substance and the form is self-regulating, and finds its balance in the perceptive subject. I want to create action, aesthetic and psychological areas reaching out to others. If the artwork must ask a question or provide answers, then it must go even further. It has to become a space for debate, research and contradictions. The contradictory charge of the work multiplies its centers and points of views. The artwork’s «aura», who knows how to provoke an intense multiplication of its centers and its senses, therefore challenges as possibility, projection and quest. If the work of art is practiced as a sensual and sensitive nomadic experience, then its exhibition place, namely its Art Center, must itself practice wandering: symbolic wandering, spatial wandering, political wandering…

The performative act accentuates these moments of loss. Derealized, these recreational situations often become scenes of hunts, dances, rituals. Aesthetics, installations, static sculptures often contradictory or in symbiosis with the movement of bodies in action. Defined by various experiences and imagery, they can find an echo in the happening or more broadly in the party as an initiatory, social and liberating moment. The work becomes this Sabbath, where the arrows of meaning come to finish their races. It plays with time, unfolding in space a multitude of facets. It draws from memories, symbols of a distant and strangely familiar past. This temporal distortion leaves fresh imprints of a struggle of our passions and instincts. This is a rite of passage, a quest for identity marked by the search for new experiences. It embraces the horizon of our intimate perceptions. Actors of this primitive dawn, we are the predator and prey of this inner world. This work aim to show what is possible in a period of time, without making the misery, evils of humanity, the product of our own glory. This is the heart of my intention.

Is it not a sensation, an effect of the exhibition? Sometimes, does art not become the decor of itself? The staging, art as sham highlights each of my attempts. My position tends toward liquefaction of conceptual thinking and trying to unravel the secret mysteries of my sensitivity. I would like to propose a new recreational experience, not as a loophole, but as a place to anchor and create. A party, an exhibition, so many experiences tearing us from the routine of our existence, but which ultimately appear to me as rare moments of expression of our truth: a primordial chaos constantly replayed, proposed as a regenerative experience.